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Photo du rédacteurDr Loris-Alexandre Mazelin

Violence conjugale : le dernier maux

En ces temps de confinement, un mal souvent caché se multiplie insidieusement dans de nombreux foyers : la violence conjugale. En constante augmentation avec un nombre d'homicide de plus en plus important chaque année, la violence conjugale est loin d'être endiguée. Plus résistante que tous les virus, elle se conjugue souvent au masculin, mais elle existe aussi au féminin. Physique ou psychique, elle détruit et fait des morts tous les jours.


La seule solution face à une personne violente est la fuite. Attendre, espérer que cela aille mieux, que ce n'était qu'un passage, est le même risque que tant de gens ont pris à leur détriment. Plus la mise à distance est rapide dans la relation, moins de dégâts il y aura.


Sans parler des conséquences physique, les conséquences sont nombreuses : perte d'estime de soi, rêves envolés, dépression, état de stress post-traumatique. Autant de maux qu'il faudra panser et guérir en se faisant accompagner par des professionnels de santé.


Pour finir, je vous mettrai le texte d'une victime de cette violence conjugale

Texte de Mlle G.




Approchez mes amis. Approchez, que je vous raconte.

Une histoire…pas jolie. Une histoire, qui me réveille toutes les nuits.


Aujourd’hui j’écris.


Aujourd’hui j’écris parce que les mots couchés sur le papier ont toujours été mon exutoire de prédilection. Et que cela fait longtemps, trop longtemps, qu’ils n’arrivent plus à sortir. Le premier symptôme peut-être même. Incapable de donner de soi, de transmettre. Plus d’envie. Le vide. Abyssal.


Aujourd’hui, c’est différent.


Aujourd’hui, c’est la fin du Grenelle des violences conjugales. C’est peut-être la fin d’un débat politique majeur, mais pas la fin des violences, et certainement pas la fin de la lutte non plus. Une lutte universelle et intemporelle.


Aujourd’hui je l’écris, je le dis, je le hurle : je suis victime. N’en déplaise. Je suis victime.


Aujourd’hui, j’ai été officiellement invitée pour apporter mon témoignage, en public, à l’occasion de la Journée mondiale contre la violence à l’égard des femmes 2019.


Aujourd’hui j’ai témoigné, j’ai apporté ma modeste contribution au sein d’un fléau qui tue, aujourd’hui plus encore qu’hier.


Hier, je subissais. Je devais me justifier, montrer patte blanche, et tenter de me faire entendre. J’ai mis un premier pied dans ce que l’on appellera le parcours judicaire du combattant, avant d’y plonger toute entière.


Hier j’avais peur. Apeurée comme un lapin dans les phares d’une voiture. Ayant sous mon aile deux petits êtres malmenés à qui rien n’avait été épargné. Rien. Hier, je culpabilisais.


Responsable à moi toute seule du sort d’une famille entière, tiraillée par les bons conseils des uns, par le silence et l’absence des autres, par les épris de bonne conscience à toute épreuve. Hier, j’étais sous son emprise. Finissant par être moi-même convaincue que tout était de ma faute, puisqu’en plus il avait la galanterie de s’excuser encore et encore. « Si je ne l’avais pas énervé aussi…Puis il regrettait il me l’a dit. Et les enfants…il a raison, je les détruirai à ne penser qu’à ma petite gueule. Que vont-ils devenir…Quelle conne. »


Persuadée de croire que l’amour pourtant largement clamé mais tristement confondu avec la propriété que l’on accorde à sa « chose », l’âge allant, la parentalité, changeraient les mentalités, les attitudes, les mots, anéantiraient les mouvements d’humeur, les coups d’éclats glaçants et les humiliations.


Désormais, je prends conscience que mes mots sont avec une troublante exactitude les mêmes que ceux des autres victimes. Que les mots de leurs conjoints violents sont lettre après lettre les mêmes que les siens. Quel que soit l’âge, quel que soit le statut professionnel, social. Quelle que soit la couleur de peau. Sentiment d’appartenance à un « groupe », à une case. Une case de victimes de violences au sens large, physiques/psychologiques/verbales (harcèlement, insultes, menaces). Aucune d’entre elle n’est pire que l’autre. Aucune n’est plus supportable, plus acceptable que l’autre. Des visages différents de la violence pour des résultats destructeurs identiques. Quand vous êtes battue psychologiquement vous ne voyez pas le coup arriver. On nous tue physiquement, on nous tue moralement. Ou comment nier l’autre comme Autre. Ou comment déclarer sa perversité, ou comment perdre les pédales lorsqu’on n’a plus la toute maîtrise de sa chose qui, bague au doigt, lui appartient coûte que coûte.


« Si tu me quittes, j’te tue. »

« Sans moi tu n’es rien, j’vais te tuer ».

« Tu l’a cherché ».

« Salope ».

« Bonne à rien »

« Débile ».

« Je recommencerais plus ».

« Ta gueule ».

« Je te retrouverai ».

« Ne pleure pas ».

« Je vais te faire la peau ».

« T’es la femme de ma vie ».

« T’es qu’une petite merde ».

« Tout est de ta faute ».

« Sale traitre, tu as tout gâché ».

« Je t’aime ».


Ni haine. Ni honte.




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