Le « stress » qu’il soit au sens physiopathologique ou plus subjectif de celui de l’anxiété représente un des plus importants facteurs de modulation et surtout de perturbation dans le fonctionnement du corps humain.
Un stress limité dans le temps est source de survie, car il permet de créer la réponse immunitaire à la gestion de cette crise, tout comme il permit aussi à nos ancêtres de fuir devant un danger et ainsi de faire perdurer l’espèce humaine.
Mais intéroceptif ou extéroceptif, le stress devient délétère quand il évolue vers un mode chronique. Le stress tissulaire provoque un stress de l’esprit, et inversement, à travers l’axe intestin-cerveau. Dans tous les cas, il épuise alors les réserves du corps humain et occasionne de nombreux troubles tels que les phénomènes anxiodépressifs ou le syndrome de l’intestin irritable.
Une des principales voies de communication et d’action du stress est son influence sur les trois niveaux du système nerveux : le système nerveux central, le système nerveux autonome et le système nerveux entérique. La modulation du système nerveux étant source elle-même d’action sur le système immuno-inflammatoire ou sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. Le stress quelle que soit sa forme est donc un acteur majeur et central dans un ensemble de pathologies.
Concernant l’impact du stress sur le syndrome de l’intestin irritable, la reprise de l’histoire des troubles montre souvent l’existence événements stressants dans l’enfance, tout comme l’existence de pathologies psychiatriques plus ou moins franches déjà présentes auparavant. L’atteinte du système nerveux central au cours de perturbations psychiques semble donc se répercuter sur le système digestif à terme à travers les différentes voies de communication de l’axe intestin-cerveau. L’atteinte du système nerveux central étant visible lors des examens de neuroimagerie fonctionnels.
Le stress a un neuromédiateur principal qui est le CRF (corticotropin releasing factor) à travers le système du même nom. Il joue un rôle important dans les réponses du système nerveux autonome, endocrinien et comportemental face au stress, avec une action aussi bien sur l’anxiété que sur les symptômes intestinaux. Sa perturbation est ainsi liée à des troubles anxiodépressifs, tout comme une augmentation de la sensibilité à la douleur dans le syndrome de l’intestin irritable.
Un autre effet important à prendre en compte physiologiquement, tout comme dans les possibilités de prise en charge, est l’action du stress sur le système nerveux autonome, qui active le système sympathique, tout en diminuant l’activité du système parasympathique et principalement le nerf vague qui a un rôle apaisant sur le corps humain en temps normal. Ceci ayant des conséquences tout aussi bien au niveau cardiorespiratoire, digestif, qu’émotionnel.
La pratique de cohérence cardiaque aura un effet inverse avec un effet apaisant sur le stress physiologique et psychique.
Ainsi en temps normal lors d’un stress, le nerf vague va être inhibé et en corrélation inverse, il y aura une augmentation du cortisol plasmatique et une augmentation de l’index de variabilité cardiaque. Et au repos, cela sera l’inverse. Or dans le syndrome de l’intestin irritable et les troubles assimilés, il existe un dysfonctionnement de cette régulation avec une hyperactivation du système sympathique et une inhibition du système parasympathique, et donc du nerf vague, même au repos, ce qui entraîne l’impression d’un stress permanent pour le système nerveux central avec les conséquences physiques et psychiques en lien.
Le nerf vague est donc un élément central de cet axe intestin-cerveau dans sa communication du stress, quelle que soit sa forme. Il apporte également une preuve de plus que syndrome anxiodépressif et syndrome de l’intestin irritable sont liés et ceci que l’origine soit digestive ou psychique.
Dans ce cadre-là, des recherches thérapeutiques sont en cours dans l’étude des effets positifs d’une stimulation de nerf vague sur l’ensemble de ces troubles. Mais la pratique de la cohérence cardiaque de façon régulière est un premier pas important pour reprendre le contrôle de ce système.
Article rédigé par Dr Loris-Alexandre MAZELIN
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